Pourquoi avoir décidé de racheter les parts de Tsingshan dans Eramine ?

Geoff Streeton :  Nous sommes convaincus que cet investissement présente un fort potentiel de création de valeur pour le Groupe et que c’est justement le bon moment pour le faire.

Durant les dernières années, Eramet s’est transformé en profondeur, a renforcé son portefeuille d’actifs et sa structure financière. Le partenariat entre Eramet et Tsingshan, qui a été déterminant pour financer et construire cette 1ère usine d’extraction, n’est plus nécessaire aujourd’hui. La baisse actuelle des prix du lithium nous permet aujourd’hui de saisir cette opportunité d’investissement dans des conditions attractives

 

En quoi consiste effectivement cet investissement ?

G.S : Concrètement, nous rachetons la part minoritaire de 49,9% de notre partenaire chinois Tsingshan pour un montant net de 699 millions de dollars. Cet investissement est entièrement financé par notre trésorerie disponible. Et il est effectif à compter d’aujourd’hui. Mais nous rachetons bien plus que les 49,9% de Tsingshan.

 

Pouvez-vous préciser ?

G.S : Tout d’abord, nous reprenons la pleine propriété d’un actif minier exceptionnel, les salars de Centenario et d’Arizaro – un gisement que nous connaissons bien puisqu’il nous appartenait à 100% jusqu’en 2021, date de l’entrée de Tsingshan dans le capital d’Eramine. Les ressources de ces salars sont évaluées à plus de 15M de tonnes d’équivalent carbonate de lithium. Même si les prix du lithium sont actuellement au plus bas, les besoins en lithium vont continuer à croître, avec une demande qui devrait presque doubler tous les cinq ans au cours de vingt prochaines années.

Nous investissons également dans un actif industriel de premier plan : notre usine de Centenario, c’est-à-dire une usine déjà construite, dont la production démarrera dans quelques semaines et qui sera positionnée dans le 1er quartile de la courbe de coûts. Cette usine utilise notre technologie d’extraction directe, l’une des plus performantes au monde, avec des rendements très supérieurs et beaucoup moins consommatrices de ressources hydriques, respectant les plus hauts standards en termes de RSE.

Nous investissons enfin dans un projet qui va nous donner des marges de manœuvre supplémentaires dans le développement de notre activité lithium, axe clé de notre développement dans la transition énergétique. En termes de volumes, puisque nous disposerons désormais de 100% de la production. En termes de positionnement, puisque nous serons le seul producteur européen de carbonate de lithium. En termes de stratégie industrielle, puisque cette pleine propriété nous permet d’envisager toutes les options pour développer au mieux le potentiel de ces salars exceptionnels. C’est la raison pour laquelle nous prendrons le temps, dans les prochains mois, d’évaluer le modèle d’exécution le plus optimal pour la mise en œuvre de la phase 2 du projet.

 

Quel est l’impact de cette décision sur notre partenariat avec Tsingshan en Indonésie ?

G.S : Ce rachat s’est effectué en parfaite coopération avec Tsingshan, avec qui nous conservons d’excellentes relations.  Nos deux groupes attachent beaucoup d’importance à ce partenariat et nous continuerons à développer le potentiel de la mine de Weda Bay.

 

Le Groupe a décidé de suspendre ReLieVe, son projet de recyclage des batteries de véhicules électriques. Pourquoi cette décision ?

G.S : Nous restons convaincus de la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le sol européen et le recyclage des batteries en fin de vie sera un élément clé de cette future chaîne de valeur.

Mais nous devons faire face à la réalité du marché : la chaîne de valeur des batteries de véhicules électriques en Europe connaît un démarrage difficile. Aujourd’hui, compte tenu de la très lente montée en puissance des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure de sécuriser des approvisionnements en matières premières pour alimenter notre projet d’usine. Et en aval, il n’existe pas de clients pour les sels métalliques issus du recyclage, aucun projet de précurseurs de cathodes européens n’ayant été confirmé.

Les conditions économiques solides et pérennes pour un tel projet ne sont donc pas réunies, et nous avons décidé de prendre la mesure qui s’impose, en suspendant le projet jusqu’à nouvel ordre. Nous continuerons cependant d’étudier les fondamentaux de marché nécessaires à la compétitivité d’un tel projet.