L’industrie minière change, on parle aujourd’hui de « mine responsable ». C’est possible, selon vous, au regard des impacts de cette activité sur l’environnement ?
Christine Deneriaz : Oui bien sûr ! Eramet s’y emploie chaque jour et c’est d’ailleurs inscrit dans notre raison d’être.
D’un point de vue environnemental global, nous savons que les activités humaines ont conduit au dépassement des limites planétaires : changement climatique, érosion de la biodiversité, tension sur les ressources en eau… La prise de conscience internationale de ces enjeux conduit à des changements profonds, qu’Eramet – comme toutes industries – doit intégrer, voire anticiper, en tenant compte du renforcement des réglementations environnementales, des exigences croissantes des Etats, des clients et des partenaires, des investisseurs, et des collaborateurs, dans un souci de protection de l’environnement dans lequel nous opérons et de respect des communautés locales qui y habitent.
Quels sont les engagements pour l’environnement qu’Eramet prend aujourd’hui ?
C.D. : La feuille de route RSE 2018-2023 d’Eramet répond aux grands enjeux environnementaux et adresse l’ensemble des sujets au regard de nos activités minières et métallurgiques. Notre nouvelle feuille de route Environnement renforcera encore nos actions, en matière de réduction des émissions atmosphériques, de gestion des eaux (d’un point de vue quantitatif et qualitatif), de biodiversité, d’économie de la ressource et de changement climatique. Elle vise à la fois à améliorer la connaissance de nos impacts par un meilleur monitoring mais également à réduire ces impacts par des actions à la fois locales et globales. Par ailleurs, une attention particulière et des objectifs spécifiques en matière de recyclage de l’eau seront définis dans la prochaine feuille de route RSE 2024-2026, en particulier pour nos sites situés dans des zones de stress hydrique.
Pour donner encore plus de poids à notre démarche, nous nous sommes engagés à ce que chacune de nos mines fasse l’objet, d’ici 2027, d’un audit selon les standards IRMA, un référentiel international et indépendant qui permet de certifier que les mines sont responsables sur le plan environnemental, social et sociétal.
Quels moyens sont mis en œuvre pour déployer votre politique environnementale ?
C.D. :  L’environnement est l’affaire de tous ! Toutes les fonctions de l’entreprise, tous les sites opérationnels contribuent à déployer la politique environnementale du Groupe et surtout à progresser ensemble pour atteindre nos objectifs. La Direction Environnement définit les priorités en se nourrissant de la connaissance des enjeux et contextes spécifiques de chacune de nos activités, apportées par les experts locaux. Nous intégrons également les tendances externes telles que les évolutions réglementaires, et les attentes de nos clients. En interne, nous apportons le conseil, les outils et méthodologies et le support nécessaire au déploiement et à la réalisation de nos ambitions.
Comment abordez-vous la question de l’urgence climatique ?
C.D. : Le changement climatique est un enjeu majeur, urgent et systémique. Il recouvre la réduction de nos émissions directes et indirectes. Pour ce faire, Eramet a renforcé et adapté son organisation en créant une direction dédiée pour accélérer les projets de décarbonation de ses activités. Nous sommes sur la bonne trajectoire mais le chemin reste long pour atteindre notre objectif de réduction de 40 % de nos émissions de scope 1 et 2 d’ici 2035, validé par le SBTi. Nos efforts ont déjà été reconnus par le Carbon Disclosure Project, qui nous a attribué la note A- dans le classement Climate Change 2022. Ils portent sur notre approvisionnement en électricité décarbonée, l’amélioration de notre efficacité énergétique, le remplacement de réducteurs carbonés pour la transformation de nos produits et le développement du captage du CO2 (CCS).
Par ailleurs, il est crucial de travailler à la fois sur l’adaptation aux changements physiques (intensification des phénomènes climatiques extrêmes, stress hydrique) mais aussi sur les changements liés à une transition vers une économie bas-carbone (réglementaires, marchés, attentes des clients) de façon à réduire l’exposition de l’entreprise aux risques et saisir les opportunités. Le positionnement d’Eramet sur les métaux de la transition énergétique (lithium, sels de nickel et de cobalt pour batteries) et le recyclage entre dans cette dynamique.
La préservation de la biodiversité est au cœur des enjeux de l’exploitation des matières premières. Quelle est votre stratégie sur ce sujet ?
C.D. : Eramet a formalisé ses engagements en matière de biodiversité dès 2015 au travers d’un volet spécifique au sein de la politique de Responsabilité Environnementale du Groupe. Dans la feuille de route RSE 2019-2023 l’accent a été mis sur la réhabilitation des sites miniers qui permet de limiter l’érosion, de préserver ainsi la qualité des milieux aquatiques, tout en recréant des conditions propices à la biodiversité. L’objectif a été atteint avec un ratio surfaces réhabilitées/surfaces défrichée > 1 (1.21) sur la période 2019-2022.
En 2021, Eramet a complété ses engagements volontaires, pilotée par l’association française des Entreprises pour l’Environnement et quatorze partenaires dont des ONG environnementales et des organismes scientifiques.
Nos engagements en matière de préservation de la biodiversité seront encore renforcés dans notre nouvelle feuille de route environnement 2024-2026 autour de quatre piliers :
- Viser l’exemplarité écologique avant, pendant et après l’exploitation des mines en intégrant une démarche territoriale.
- Avec l’aide de partenaires scientifiques, améliorer la connaissance des territoires au sein desquels nous opérons, des méthodes de réhabilitations, et des outils de mesures…
- Développer la Fondation Lékédi
- Former et sensibiliser nos collaborateurs ET nos parties prenantes externes
Nos actions phares pour la préservation de l’environnement :
- Réhabilitation et revégétalisation des terres au Sénégal après le passage de la mine
- Protection de la biodiversité en Nouvelle-Calédonie et au Gabon avec le parc de la Lékédi
- Actions pour la réduction des émissions de poussière en Nouvelle-Calédonie
- Optimisations de la captation du CO2 sur les fours pyrométallurgiques en Norvège
- Une gestion vertueuse de l’eau au Sénégal