La fondation Lékédi biodiversité gère le parc de la Lékédi depuis juin 2021. Elle va déployer des moyens supplémentaires pour préserver la biodiversité au Gabon. Point d’étape avec Eric Willaume, directeur exécutif de la Fondation Lékédi Biodiversité.
Qu’est-ce qui a changé depuis la reprise de la gestion du parc par la fondation Lékédi Biodiversité en juin 2021?
Eric Willaume : Beaucoup de choses ! D’importants travaux de réhabilitation des pistes ont été entrepris afin de sécuriser la totalité des 14 000 hectares du parc. Des patrouilles régulières en collaboration avec le cantonnement des eaux et forêts de Bakoumba ont permis de limiter l’impact du braconnage sur la biodiversité du parc. Ces efforts seront poursuivis et amplifiés en 2022. D’autre part, le parc s’est équipé en 2021 d’un bâtiment de quarantaine lui permettant une meilleure réactivité pour l’accueil d’orphelins. Un nouveau laboratoire d’analyses biochimiques a été aussi mis en service pour les équipes de recherches et le service vétérinaire du parc. L’équipement en matériel d’analyse se poursuivra en 2022.
Eric Willaume, directeur exécutif de la Fondation Lékédi Biodiversité
Y a-t-il eu l’introduction de nouveaux animaux ?
 E.W. : Malgré le contexte difficile dû à la Covid, des réintroductions ont eu lieu en 2021 : trois moustacs ainsi que six pangolins à ventre blanc. Le sanctuaire primate accrédité Pan-African Sanctuary Alliance (PASA – https ://www.pasaprimates.org) a également accueilli sept chimpanzés supplémentaires après leur passage en quarantaine au CIRMF (Centre International de Recherche Médicale de Franceville).Â
Nous soignons actuellement plus d’une trentaine de chimpanzés, trois gorilles et une dizaine de cercopithèque dans notre centre de réhabilitation. Les inventaires fauniques toujours en cours ont montré encore plus la richesse de la biodiversité du parc. Outre les espèces emblématiques, gorilles, chimpanzés, panthères très présentes, d’autres plus discrètes comme les pangolins géants, les loutres tachetés, le chevrotin aquatique, le faux gavial ont été filmées par nos caméras pièges. Des collaborations avec des scientifiques nationaux et internationaux se concrétiseront en 2022 par des missions d’inventaires et d’études.
Avez-vous déployé de nouveaux moyens pour lutter contre les conflits Homme-Faune ?
E.W.  : Afin de répondre à ces problèmes, particulièrement entre les Mandrills habitués et les villages riverains du parc, un innovant projet de sentinelles a été lancé en 2021 pour protéger les champs des attaques de la faune sauvage. Ce projet consiste à rétribuer des jeunes des villages impactés pour qu’ils surveillent les champs et éloignent de façon non létale les animaux sauvages. La responsabilisation de ces jeunes a permis sur un de deux villages un arrêt total des destructions. Ce premier succès et la confiance retrouvée avec le village ont permis de développer aussi un programme de protection des cultures contre les dégâts provoqués par le bétail.
Les mandrills du parc de la Lékédi sur Netflix
La fondation a eu le plaisir d’accueillir une équipe de tournage durant plusieurs semaines pour filmer les groupes de mandrills. A voir courant 2022 sur Netflix.
Les visites ouvertes à nouveau
Depuis août 2021, le public peut à nouveau découvrir le parc à travers des visites de découvertes et de sensibilisation à la biodiversité gabonaise. Pensez-y ! Renseignements sur le site internet.
Eramet et Comilog partenaires
La Fondation Lékédi Biodiversité a été créée conjointement par Comilog et Eramet avec quatre grands objectifs : pérenniser les actions du Parc de la Lékédi, se doter de moyens supplémentaires pour préserver la biodiversité du Gabon et lutter contre le braconnage, réhabiliter les primates orphelins et développer la recherche scientifique.Â