« Notre activité a un impact direct sur la biodiversité ». A l’occasion de cette Journée internationale de la biodiversité, Frédérique Desmoulins, coordinatrice HSE et RSE projets et référente biodiversité d’Eramet, fait le point sur ce qui guide la politique biodiversité du Groupe.

Sixième crise d’extinction des espèces, érosion de la biodiversité, changement climatique, pollution… La planète est impactée par l’activité humaine. Le 6 mai dernier, l’évaluation mondiale sur l’état de la biodiversité publiée par 145 chercheurs, a indiqué qu’environ un million d’espèces animales et végétales seraient menacées d’extinction dans les prochaines décennies, soit un quart des espèces. En tant qu’acteur minier responsable, Eramet s’engage à limiter cette érosion dans son périmètre. Entretien avec Frédérique Desmoulins, coordinatrice HSE et RSE projets et référente biodiversité d’Eramet.

Quelle perception de la « biodiversité » a-t-on chez Eramet ?
Notre activité a un impact direct sur la biodiversité : déboisement, défrichage, fuite de la faune locale dans les zones d’exploitation… Nous opérons souvent dans des zones sensibles, c’est pourquoi la biodiversité est systématiquement intégrée dans le modèle d’Eramet, notamment dans tout ce qui touche à l’activité minière. Il y a quelques années, le Groupe a adopté une politique biodiversité et c’est la définition de la Convention sur la diversité biologique (CDB), une émanation des Nations-Unies, qui a été prise en référence : « La biodiversité est l’ensemble du vivant et de ses interactions ». La biodiversité est donc un concept beaucoup plus vaste que la simple collection d’espèces animales et végétales à laquelle on la réduit souvent : les êtres humains en font donc partie, les interactions entre les espèces et avec leur environnement aussi, ainsi que les bénéfices que l’Homme tire de la nature. La pérennité des ressources biologiques et génétiques des organismes vivants et de leurs milieux de vie est un enjeu économique, social et aussi éthique. Eramet a donc placé la biodiversité au cœur du business de ses sites miniers. Dans sa feuille de route RSE, le Groupe s’est d’ailleurs engagé à préserver la ressource en eau et à accélérer la réhabilitation de ses sites en favorisant la biodiversité, avec un ratio surfaces réhabilitées / surfaces défrichées égal ou supérieur 1 sur la période 2019-2023 (Infrastructures de long terme exclues).

Concrètement, comme l’intègre-t-on dans nos activités ?
Les premières actions de préservation de la biodiversité sont nées dans les années 1970, à la SLN, en Nouvelle Calédonie, avec les premiers travaux de réhabilitation. Au cours de ces quarante dernières années, une réelle compétence biodiversité a grandi au sein du Groupe et elle est reconnue sur les territoires où nos collègues participent activement aux travaux et réflexions avec les autres entreprises, les scientifiques et les autorités locales sur sa préservation au quotidien. Dans le cadre du développement de nos activités minières, mais aussi industrielles, nous cherchons systématiquement à prendre en compte l’environnement. Dès le début d’un projet, des études de caractérisation sont menées pour recueillir le maximum d’informations sur la biodiversité locale, avec l’aide de spécialistes internationaux et locaux. L’idée est de comprendre le milieu dans lequel l’activité va se développer pour mettre en place une stratégie de préservation de la biodiversité adaptée, avec – selon les enjeux – des mesures d’évitement de l’impact, de réduction, de réhabilitation, voire de compensation. Nous avons beaucoup progressé dans ce type d’études au fur et à mesure du développement des Grands Projets en Indonésie, au Sénégal et en Argentine. Le projet d’extension de la mine de Moanda (Gabon) en est l’exemple le plus abouti (pour en savoir plus, lire l’article de présentation du projet ici. L’objectif de ce projet est d’avoir un impact positif : nous travaillons sur la « valeur » biodiversité en réhabilitant des surfaces équivalentes à celles qui seront exploitées, mais aussi en apportant d’autres actions génératrices de gain en biodiversité comme la lutte contre le braconnage, la restauration de forêts ou l’accueil d’espèces menacées dans le parc de la Lékédi.

Comment renforcer la culture biodiversité dans le Groupe ?
Du 18 au 26 juin, un colloque international interne va se tenir entre le Gabon et le Sénégal. Les responsables réhabilitation de la SLN, de GCO et de la Comilog et les experts environnement minier et biodiversité du Groupe vont se réunir pour plancher sur l’objectif de la feuille de route RSE dont nous parlions, celui qui vise la réhabilitation des sites miniers. La mission passera beaucoup de temps sur le terrain : la première semaine, elle s’installera à Moanda (Gabon) et visitera notamment le futur site d’exploitation d’Okouma, le site minier de Bangombé et le Parc de la Lékédi ; la deuxième semaine se déroulera à Diogo (Sénégal), avec les visites de sites réhabilités et des pépinières où sont préparées les actions de revégétalisation. Ce sera l’occasion de fixer les actions à mettre en place pour atteindre nos objectifs mais aussi de mettre en commun les bonnes pratiques de chaque site.