1,5 million d’euros : c’est l’enveloppe allouée par Eramet pour lutter contre le Covid-19. Une mission qui nécessite un pilotage au plus près des réalités du terrain et qui mobilise toutes les énergies. Topo.

Quand le Groupe s’exprime, vous avez dû voir qu’il mettait souvent en avant son engagement d’entreprise citoyenne et contributive. La crise du Covid-19 lui a en quelque sorte donné une occasion supplémentaire de prouver, notamment en externe, que cet engagement était concret. Ainsi, en avril dernier, au plus fort de la crise, le Groupe dévoilait son plan de solidarité et débloquait une dotation exceptionnelle de 1,5 million d’euros. Avec Jean-Jacques Bourdeau, Responsable communication et actions RSE DAHP, et Loraine Zingari coordinatrice des relations avec les communautés hôtes aux Affaires Publiques du Groupe, nous vous expliquons aujourd’hui comment cette enveloppe est d’ores et déjà utilisée.

Comment a été calculée cette dotation ?

Loraine Zingari : Dès la fin mars, nous avons contacté nos différents interlocuteurs RSE afin de cerner l’ampleur des actions envisageables sur leur site. Il était crucial de bien dimensionner cette aide : nous œuvrons depuis plusieurs années à développer une relation de partenariat à long terme avec les populations locales, et il était très important d’être présent aussi dans ce moment de crise. Nous avons également identifié, avec Victoria Provenzano (chargée de mission Engagement sociétal et Relation société civile aux Affaires Publiques), de grands acteurs institutionnels à même de recevoir des dons de la part du Groupe, tel que le fonds « Tous Unis contre le Virus » et la Croix-Rouge. A partir de ces différents éléments, le Comité exécutif a fixé le montant de cette enveloppe Groupe. 
 
Jean-Jacques Bourdeau : On avait à cœur de bien répartir cette enveloppe, nous avons approché toutes les entités du Groupe pour leur présenter les modalités du Plan de solidarité. L’enveloppe est allouée en fonction du chiffre d’affaires mais aussi en fonction de la situation des territoires et de la pertinence des actions à mener. Une majorité de sites avait en effet déjà enclenché des actions de solidarité et le Groupe est venu soutenir et renforcer ces initiatives.

Portrait de Loraine Zingari et Jean-Jacques Bourdeau

Comment fonctionne-t-elle ?

J-J.B. : Pour la zone « France, Espagne et Angleterre » dont je suis responsable pour ce plan, notre but est d’accompagner les personnes ou les organismes qui agissent directement sur le terrain. En France notamment, il s’agit en priorité des professionnels de santé – médecins généralistes, infirmières – mais aussi des centres hospitaliers et des laboratoires de recherche, tous en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. Courant avril, beaucoup n’arrivaient pas à se procurer des protections sanitaires et ont fait appel à nous en ce sens. De la même manière, des mairies, des casernes de pompiers, ou encore des maisons de retraite, ont pu nous solliciter.
Toutes ces actions s’inscrivent dans la continuité de la stratégie globale d’engagement et d’ancrage local portée par Eramet. Beaucoup de ces acteurs locaux se sont tournés vers nous spontanément, via les Directions d’usine, des salariés ou encore via la Fondation Aubert & Duval. Cela montre bien l’importance et la réalité de cet ancrage local. 

L.Z. : Sur les autres zones du monde, il y a bien sûr eu des dons en nature (masques, gels hydroalcooliques, surblouses etc.) mais aussi un soutien logistique, humain et financier aux partenaires locaux. Comilog et Setrag ont par exemple très tôt travaillé avec les radios locales et nationales pour monter des campagnes de sensibilisation aux gestes barrières. Tout comme SLN et GCO, elles ont procédé à d’importants dons alimentaires pour les familles les plus fragilisées par les mesures de confinement ou de couvre-feu. Eramine a pu doter le village voisin de son site d’une ambulance assurant en cas de besoin une évacuation vers l’hôpital le plus proche, à plus de 60 kilomètres de là. En Chine, les deux sites Aubert & Duval et Erasteel à Tianjin et Wuxi distribuent chaque semaine aux familles des employés des masques, y compris pendant la pénurie du début de la période. Ces sites avaient souvent déjà été sollicités par des acteurs du terrain, avant la mise en place de la dotation, et comme le disait Jean-Jacques, nous sommes venus soutenir ces initiatives ; mais pour certains sites, comme aux Etats-Unis ou en Norvège, l’aide du Groupe a permis de déclencher une dynamique solidaire et de permettre à l’usine de se rapprocher de sa communauté pour contribuer localement. 

Concrètement, une fois que le besoin a été identifié, comment le mettez-vous en œuvre ?

J-J.B. : L’idée, c’est vraiment de fournir en urgence des protections sanitaires – des gants, des masques, des visières, des blouses, des lingettes, du gel hydroalcoolique… afin de limiter la propagation du virus et de protéger les populations fragilisées. Pour cela, nous avons derrière nous la force de tout un Groupe et de ses capacités logistiques. Nous travaillons de concert avec les équipes de Julien Therme, responsable du Hub Achats France, afin de sourcer les produits et les fournisseurs, et les expédier aux structures nous ayant sollicitées (en savoir plus sur l’approvisionnement du Groupe pendant la crise du Covid-19).
Nous avons aussi réfléchi aux synergies qu’il pouvait y avoir entre les différents sites du Groupe en termes d’achats ou d’organisation : Sandouville et Eramet Ideas, par exemple étaient en capacité de fabriquer leur propre gel hydroalcoolique. Ils ont fourni des centaines de litres à Dunkerque ou aux Ancizes, par exemple. A Pamiers, l’imprimante 3D a servi à fabriquer des visières pour le personnel des maisons de retraite locales. C’est un travail collectif qui met aussi en avant l’agilité de nos équipes capables en un temps record de revoir les modes de fonctionnement, la manière de collaborer et de partager !

L.Z. : Pour l’international, ce sont les correspondants RSE qui sont à la manœuvre et accomplissent avec leurs équipes un travail remarquable dans des conditions souvent difficiles, étant eux-mêmes confinés ou très limités dans leurs déplacements. Patricia Amvene, directrice de la communication et du développement durable à Setrag, a par exemple orchestré l’opération Solirail, une caravane ferroviaire acheminant des produits alimentaires, des kits sanitaires et des stations de lavage des mains dans les gares du Transgabonais. A Comilog, André Massard, directeur de la communication et de la RSE, a travaillé sans relâche pour permettre l’installation des laves-mains dans Moanda, les dons d’équipements au Gouvernement gabonais et la venue d’une équipe médicale internationale à l’hôpital de Franceville. A GCO, Daour Dieng s’est appuyé sur deux ONG reconnues au Sénégal pour accompagner sur le terrain les dons de GCO aux communautés. Ricardo Rodriguez, à Eramine, a redoublé d’inventivité pour maintenir un lien étroit avec les communautés pendant le confinement. 

J-J.B. : On ajuste nos dotations au plus près de la réalité du terrain et des besoins grâce à un contact permanent avec nos parties prenantes. Par exemple, nous avons pu accompagner la réouverture de la Mairie de Saint Georges de Mons (commune d’UKAD et d’EcoTitanium dans le Puy de Dôme) en leur fournissant en moins de 24 heures les plexiglas qui leur était indispensable pour la réouverture des comptoirs d’accueil. Un bel exemple de réactivité ! 

Le plan de solidarité repose aussi sur une partie du budget RSE du Groupe – soit environ 8,5 millions d’euros – consacrés à des actions de lutte contre le Covid-19. Comment cette enveloppe va-t-elle être utilisée ?

L.Z. : De nombreux sites du Groupe ont des budgets annuels dédiés à l’investissement communautaire, pour un total de plus de 10 millions d’euros par an en moyenne. Cette année, les plans d’actions ont été affectés par la crise : certaines activités ont été annulées ou retardées du fait des mesures de confinement, et d’autres apparaissent comme moins prioritaires dans le contexte actuel. Des sommes peuvent ainsi être réallouées pour financer des actions de solidarité liées aux effets de la pandémie. Au contraire, certaines actions prévues dans les budgets de 2020 trouvent tout leur sens dans la crise et doivent être maintenues voire renforcées. C’est le cas bien évidemment des actions sanitaires comme le soutien au fonctionnement du Samu Social à Moanda ou les dons de médicaments aux dispensaires des communes où opère GCO. Mais c’est aussi le cas du soutien aux activités locales génératrices d’emplois et de revenus, actuellement cruciales. On peut citer, par exemple, la construction de la petite usine de production de pavé près de Moanda au Gabon ou le soutien à la mutuelle communautaire active auprès petits agriculteurs des communes d’opération de GCO.